• ...

    L'étreinte physique terminée, nous étions spectateurs. Je regardais un peu autour, puis revenais, puis repartais, et mes yeux de me conduire n'importe où, le corps restant, campé, et je suis si bien. Le sourire anime mes lèvres et peut m'importe le reste, ou presque.

    Je crois que j'ai souhaité cela en début d'année, comme chaque année d'ailleurs, j'ai demandé à être heureuse, accomplie ; ce n'est pas simple affaire de me satisfaire, on me le rappellera souvent. Il m'arrive d'ironiser sur la question, me déclarant digne représentante de la condition féminine ; oui je suis chiante, je vis dans une autre sphère, ce n'est pas encore un monde propre (je dis « encore »), un paysage schizophrène tracé aux flancs de ma boîte crânienne ; non, c'est tout juste de quoi sustenter un besoin de marginalisation, ou éventuellement une peur... Je suis féministe, je ne lutte pas, comme souvent. Mes révoltes sont passives excepté dans ma poitrine.

    Dans ma poitrine il se passe des choses effrayantes. Dans ma poitrine. Ces choses-là sont redondantes, elles font de l'injuste équilibre entre les sexes les saillies de mon sein. A cause d'elles, mes traits n'affectent pas et jamais le détachement, je m'y suis résolue. C'est un défaut. Ma poitrine est le berceau de l'expression de toutes mes angoisses profondes ou non, de toutes les frustrations et autres sorts iniques qu'elle subit.  

    J'ai peur des extrêmes, pourtant je couche avec l'Anarchiste, pis (ou non...), je l'Aime. Je ne l'Aime pas encore, du moins. En fait si, j'Aime sa barbe ; lorsqu'il m'enserre et que je recule, j'Aime. J'Aime aussi qu'il m'appelle Galvin, je pense qu'il est touché par ce prénom, qu'il le touche, je ne saurais expliquer de quelle manière. Je l'Aime parce que persuadée qu'on Aime d'un coup, d'emblée, que l'Amour n'attend pas la stabilisation d'un couple ou le quotidien dans le couple. Je ne couche pas avec, mais plus tard. Plus tard cela va devenir l'exclusif échange que nous connaîtrons, mais là je ne sais pas, je ne savais pas. Fille parmi ses femmes, je n'ai pas su à ce moment là. Et lui il savait...

    Il connaissait les mouvements de sa vie, ses anarchies, ses politiques fiévreuses et le chaos seul qui en résultait. Il sait ce jour de notre rencontre, il sait que je ne serais jamais plus malheureuse et plus heureuse que sur cette saloperie de place.

    Et je me trompe. Il sait bien avant, il sait à nos décomptes de fées quelle souffrance animera ma chair à tenter inutilement d'échapper à mon sentiment.

    Pour la minute, je ri et je pleure peut-être, mais je dissimule la larme qui assaille ma joue. Nous buvons, café bien sur, dans le bar gay de la ville, je la découvre autrement cette Grande Ville, j'en parcours le dédalle comme jamais auparavant, il me mène d'un pas rassurant, assuré, et cela me plait. Il ne me dit pas quelle est cette haute sphère, privilégiée ou non, selon le point de vue, dans laquelle il évolue, il remet ce témoignage à plus tard, il s'excuse un peu, car il m'a promis un soir de me parler politique, il est pourtant lointain à ce propos, envie de me voir et de me sentir près de lui ; envie partagée...


  • Commentaires

    1
    Vert Adam
    Dimanche 5 Février 2006 à 12:33
    ce n'est pas simple affaire de me satisfaire
    "Nous buvons, café bien sur, dans le bar gay de la ville [...] Il ne me dit pas quelle est cette haute sphère, privilégiée ou non, selon le point de vue, dans laquelle il évolue". Sainte Meredith.. tu vas les chercher trop loin, tes amours.
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